LES CONSEQUENCES

       En cas d'explosion nucléaire, on peut recevoir une très grande quantité de rayonnements, on est alors irradié. Lorsqu'on respire des poussières radioactives ou qu'on touche des déchets radioactifs on dit que l'on est contaminé. On peut aussi l'être en mangeant ou en buvant un produit très radioactif.

       L'analyse du cas de Tchernobyl cumule les difficultés : les conséquences sanitaires peuvent être calculées à partir des évaluations de la contamination, de la dose reçue et du risque (toutes trois très approximatives), ou bien elles peuvent être évaluées "sur le terrain" soit au moyen d'enquêtes épidémiologiques, soit à partir de registres. Les enquêtes épidémiologiques peuvent êtres trompeuses : pour détecter une augmentation du risque de cancers, ces enquêtes doivent avoir une puissance suffisante qui dépend de l'effectif étudié et de la durée de l'étude ainsi que de la fréquence spontanée de l'épidémiologie spontanée.

 

   Les conséquences immédiates

doses reçues par les liquidateurs

 

   Les dérèglements de l'organisme en fonction de la dose reçue

       La radioactivité augmente ainsi que les risques de cancer qui dépendent de la dose reçue, du débit de dose, de la nature du rayonnement, de l'homogénéité de l'irradiation, de l'âge, du sexe et éventuellement des prédispositions génétiques. Dans le corps humain le sang, les seins et la thyroïde sont les plus sensibles.

       Les fortes doses provoquent des lésions caractéristiques. Des doses de plus de 400 000 Gy (Gray) endommagent gravement le système vasculaire provoquant des œudèmes cérébraux qui se traduisent par un état de choc et des perturbations neurologiques. La mort survient en 48 heures.
Des doses de 100 000 Gy à 400 000 Gy provoquent des troubles vasculaires moins graves. La mort survient en une dizaine de jours à cause du déséquilibre affectant la moelle osseuse, par effondrement des défenses immunitaires.
Des doses de 5 000 à 15 000 Gy entraênent la destruction de la moelle osseuse provoquant des infections et des hémorragies. La mort peut survenir quatre à cinq semaines après l'exposition. A l'heure actuelle, seuls les effets à faible dose peuvent être traités efficacement. En l'absence de traitement, la moitié des personnes ayant reçu de 30 000 à 32 500 Gy est condamnée.
L'atteinte des cellules de l'intestin entraîne une forte diarrhée avec déshydratation au-delà de 7Gy.
La mort des cellules de la peau provoque des brûlures radiologiques avec pertes de cheveux et de poils. Les premiers signes sont constatés dès que la dose dépasse 5 Gy.
L'atteinte des cellules du sang conduit à la destruction des éléments figurés du sang ( globules blancs, globules rouges et plaquettes). Les premiers signes sont notés au-delà d'1 Gy.

 

   Les maladies affectant la thyroïde

       Les cancers thyroïdiens radio-induits qui est causé par la radioactivité résultent d'une irradiation externe ou d'une contamination par des isotopes atomes dont les noyaux possèdent le même nombre de protons mais des nombres de neutrons différents radioactifs de l'iode activement captés par la thyroïde qui reçoit une dose 200 fois plus élevée que les autres organes. Le fœtus est sensible à une contamination à partir du troisième mois de la grossesse. Le risque relatif diminue avec l'âge et n'est plus significatif après 20 ans. La thyroïde de l'adulte est très peu sensible aux rayonnements et ne développe pratiquement pas de cancer radio-induit. Après l'explosion de la centrale nucléaire, les carences en iode dans les pays de l'ex Union Soviétique ont favorisé les cancers de la thyroïde. L'augmentation considérable du nombre de cancers thyroïdiens chez les enfants de moins de 15 ans ou in-utero lors de l'accident a été évidente dès 1990. Actuellement, près de 2000 cas de cancer ont été dénombrés parmis ces enfants. Ce sont des cancers papillaires, forme la moins grave du cancer thyroïdien, mais plus sévère que les cancers spontanés. Ils s'accompagnent de métastases ganglionnaires cervicales sans gravité dans 90% des cas, et de métastases pulmonaires beaucoup plus graves dans 30% des cas.

       On sait que la prévention des conséquences d'une contamination accidentelle par l'iode radioactif repose sur le confinement des populations, la prise précoce (dans les trois heures) d'iode stable qui empêche l'entrée de l'iode radioactif dans la thyroïde, la non-consomation d'eau, de lait et d'aliments contaminés et l'évacuation des zones contaminées.

       La thyroïde n'est pas seulement sujette au cancer, il y a aussi l'hypothyroïdie insuffisance ou absence de la sécrétion thyroïdienne. La mort des cellules de la thyroïde est due à la présence d'iode radioactif dans l'organisme. La dose à partir de laquelle une personne est susceptible d'être atteinte d'hypothyroïdie est 10 Gy. Ces effets sont cependant réversibles s'il reste suffisamment de cellules pour reconstituer le tissu.

 

   Les leucémies

       Le tissu à l'origine des cellules sanguines est constitué de cellules qui se multiplient en permanence. Si la cellule souche de l'ensemble de ces tissus est touchée, cela peut mener à une leucémie dite "leucémie aiguë lymphoïde" (LAL). Les leucémies apparaissent parfois assez tôt, dès deux ans après l'irradiation.
Il a été rapporté un excès possible d'une dizaine de leucémies chez les enfants (0-14ans lors de l'accident) des zones d'Ukraine les plus contaminées, pendant la période 1986-1991. Les taux ultérieurs reviennent à la normale. Cet excès n'a pas été retrouvé en Biélorussie. En dehors de ces observations, il n'a pas été mis en évidence d'excès de leucémies, en particulier chez les adultes évacués ou résidant en zones contaminées.

 

   Les malformations congénitales qui est apporté en naissant

       Le nombre des naissances a fortement diminué en Ukraine et en Biélorussie (divisé par 2 en 15 ans). L'estimation de l'augmentation éventuelle de l'incidence des malformations congénitales ne peut être faite ni par simple dénombrement car elles sont spontanément fréquentes (2 à 5% des naissances), ni en comparant leurs incidences avant et après 1986 car la qualités du recueil des données peut avoir changé. Le Registre des Malformations de Biélorussie montre une augmentation de l'incidence globale commencée avant 1986, mais pas de différences entre les zones contaminées et non-contaminées. Une étude de 1997 montre à l'inverse une augmentation de l'incidence des malformations congénitales sur les fœtus après IVG. Trois études conduites sur plus de 20 000 grossesses dans trois régions de Russie ont cherché une variation du taux d'anomalies (malformations, prématurités, mortalité néonatale mortalité survenant pendant les 4 premières semaines du nourisson selon la contamination locale). Elles donnent des résultats contradictoires et seul la diminution du nombre de naissances est systématiquement retrouvée.

 

   Les autres maladies

       Les effets tardifs surviennent plusieurs années voire dizaines d'années après l'irradiation de tissus se renouvelant plus lentement. Ce sont par exemple la fibrose fibrose pulmonaire : variété particulière et très rare de cancer broncho-pulmonaire radio-induite et la cataracte affection oculaire aboutissant à l'opacité, partielle ou totale, du cristallin ou de sa membrane capsulaire. La cataracte antraïne une diminution progressive de la vue. Le tissu conjonctif matériaux organiques qui servent à unir les divers organes d'un animal (hommes compris). Ce sont des lamelles, soit des fibres ou des substances homogènes plus ou moins visqueuses qui forme la structure des organes et leur apporte les vaisseaux sanguins et les nerfs est remplacée par un tissu très dense, rigide, qui n'assure plus sa fonction de nutrition. La fibrose radio-induite peut atteindre tous les organes : peau, poumons...
Les premiers signes sont observés au-delà de 12 Gy. La cataracte due à l'opacification se dit d'un phénomène lorsque celui-ci rend une chose opaque, c'est à dire qui ne laisse pas traverser la lumièredu cristallin est susceptible de se manifester si l'oeil est directement touché par l'irradiation. Il n'y a pas de réversibilité spontanée, le traitement est paliatif remède ou traitement qui vise à supprimer les symptômes pénibles d'une maladie sans agir sur la cause pour la cataracte.

 

   Les maladies psychologiques

       -Pathologies non-cancéreuses

       Un très grand nombre de pathologies non-spécifiques (asthénie, anémie, sensibilité aux infections, troubles cardio-vasculaires) ont été décrites et parfois attribuées aux rayonnements ionisants. Ce type de pathologie ne peut pas être secondaire à une irradiation compte tenu des doses reçues. Comme l'augmentation des troubles psychiques et des suicides, elles sont les conséquences du traumatisme psychologique majeur que l'accident a été pour les liquidateurs et les évacués, ainsi que l'inquiétude et du niveau socio-économique très dégradé dans les zones contaminées.

       -Autres effets

       Il est reconnu que l'effet de l'accident sur la santé des populations est en rapport avec son impact socio-psychologique. Ainsi l'espérance de vie est passée chez les hommes de 65 à 59 ans entre 1987 et 1993. Le taux de mortalité est passé de près de 5000 à 8000 par million et par an entre 1990 et 1993 alors que le taux de cancers demeurait constant.
Les habitants d'Ukraine de Russie et de Biélorussie ont été différemment atteints: troubles du comportement, du sommeil, progression du nombre de suicides, maux de tête, nausées. Mais aussi baisse de la natalité (peur d'enfanter des monstres et stérilité due au stress), divorces et alcoolisme: le pouvoir central avait prescrit de la vodka contre les radiations...

 

   Les cas spécifiques aux liquidateurs

       Quelques 600 000 participèrent à la lutte contre l'incendie de la centrale et au "nettoyage" des environs immédiats dans les mois qui suivirent l'accident: ils sont appelés liquidateurs. Ils présentent des pathologies qui ne ressemblent ni aux effets des irradiations aiguüs, ni à ceux des faibles doses. Leurs affections - problèmes digestifs, cardiaques, hormonaux ou sexuels, trouble du sommeil et de la mémoire - ressemblent un peu aux effets d'un vieillissement prématuré de l'organisme. 40% d'entre eux souffrent de troubles important du transit gastro-intestinal. Ce syndrome présente beaucoup de similitude avec celui que présente parfois les irradiés thérapeutiques de l'abdomen. Il pourrait donc être provoqué par les rayonnements.Depuis 1986, 27 000 d'entre eux étaient morts et 50 000 devenus invalides.
Chez les travailleurs de la centrale et les liquidateurs, une diminution de la mobilité des spermatozoïdes et de l'index de fertilité a été constatée.

 

       Les enfants n'ayant pas achevé leur croissance sont plus sujets à tous les effets causés par la radioactivité.

 

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